Interprétation des caractéristiques
techniques des lampes pour un usage aquariophile
par G Camera Roda , extrait de
http://gaf.freeweb.supereva.it/,
traduit par Marion Farenc.
Introduction:
Dans les volumineux catalogues
et fiches d'informations sur les lampes, sont communiquées de nombreuses
informations techniques d'une grande utilité pour choisir un système
d'éclairage, mais dont la signification est parfois obscure sinon
détournée.
La raison en est que la majeure partie des informations
disponibles concerne les indicateurs et paramètres relatifs aux
qualités "visibles" de la lumière émise par la lampe
ce qui est de moindre importance pour le choix d'un système
d'éclairage dont la fonction n'est pas seulement "d'éclairer"
mais surtout de fournir l'énergie rayonnée nécessaire
à nombre de réactions biologiques et photochimiques.C'est
pourquoi il devient important de savoir "traduire" ces informations en
d'autres directement reliées à notre centre d'intérêt.
Le point de départ est d'apprendre le sens de tous les termes et
définitions utilisés en "technique de la lumière"
dont la signification ne nous est pas immédiate. Il est nécessaire
à présent de dire qu'il existe deux systèmes bien
distincts pour mesurer les propriétés de la lumière
émise par une lampe. Nous disposons en fait des mesures photométriques
qui rendent compte des propriétés visibles de la lumière,
et les mesures radiométriques par lesquelles on évalue les
caractéristiques physiques de la lumière. On peut noter que
même si les propriétés déterminent les qualités
de la lumiére visible, les deux systèmes différent
dans la mesure où la vue est un "instrument" de mesure de la lumière
trop limité et même subjectif pour fournir une évaluation
correcte des caractéristiques physiques précises des radiations
lumineuses. D'autre part, il n'existe pas encore de système reconnu
de mesure "photobiologique" sur lequel s'appuyer (quelques tentatives sont
faites dans cette direction, par exemple avec l'introduction de la PAR
Photosynthetically Available Radiation qui sera décrite plus loin,
ou d'autres paramètres), même si les études sur les
effets de la lumière sur les systèmes biologiques sont nombreuses,
malheureusement avec des résultats parfois contrastés, ceci
étant principalement dû au nombre de paramètres
élevé mis en jeu dans les phénomènes biologiques.
Comme tout le monde le
sait, la lumière fournie par les lampes n'est pas un rayonnement
monochromatique, c'est à dire constitué d'une longueur d'onde
unique, mais un ensemble de rayonnements de diverses longueurs d'ondes,
chacune émise avec une certaine intensité pour constituer
quelque soit sa complexité le "spectre d'émission" de la
lampe.
Le domaine de rayonnement
lumineux principalement intéressant en aquariophilie s'étend
d'environ 360nm à 800nm, parce que ce sont ces longueurs d'ondes
qui sont impliquées, à diverses mesures, dans les systèmes
biologiques des organismes variés, animaux et végétaux
hôtes de l'aquarium. Arrive le moment où il faut se rendre
à l'évidence que la vision humaine ne couvre pas complètement
cette gamme de longueurs d'ondes, parce que le spectre "visible" est moins
large et couvre approximativement de 400 à 780 nm, et qu'elle montre
en outre une sensibilité aux radiations lumineuses très variable
à l'intérieur de ce domaine.
D'autre part également
le spectre solaire, qui est la distribution des intensites des rayonnements
en fonction des longueurs d'ondes qui parviennent depuis le Soleil à
la surface de la Terre, n'est pas constant et est dans certains cas plus
fort, dans d'autres cas plus faible avec une répartition spectrale
plutot variable. En effet le rayonnement solaire qui arrive au sol dépend
de multiples facteurs, tel le moment de la journée, les conditions
météorologiques, la latitude, l'altitude, la réflection
de l'environnement ambiant…etc…Ainsi si l'on veut imiter le spectre solaire,en
admettant que techniquement ce soit possible, il n'est pas dit que ce soit
la solution la meilleure parce qu'en fait il n'existe pas une lumière
qui convienne à tous les organismes. Il y a des organismes qui ont
besoin d'un niveau d'éclairement plus ou moins intense, et quant
à la "qualité"de la lumière, les exigences peuvent
étre très différentes. C'est particulièrement
vrai pour les organismes aquatiques dont certains, par exemple fréquentent
une eau claire de faible profondeur et seront adaptés
à recevoir une lumière différente de celle que reçoivent
des organismes d'eau profonde ou turbide, peut etre rendue colorée
par la présence de déchets ou de particules, qui aura été
filtrée par une couche d'eau
avec une absorption dépendant de la longueur
d'onde.Il est vrai que beaucoup d'organismes ont une plage d'adaptation,
mais cette aptitude est limitée, c'est pourquoi dès le départ
il est important de connaître les exigences spécifiques des
espèces que nous élevons.
En fait les solutions
universelles n'existent pas et il est donc nécessaire de faire
ses propres expérimentations. Toutefois pour que ces tentatives
ne soient pas faites en aveugle, il est indispensable d'avoir un minimum
de connaissances du niveau de performances qu'offrent les sources
d'éclairage disponibles.
Les caractéristiques des lampes les
plus fréquemment fournies sont:
Température de couleur
Indice de rendu des couleurs IRC
Spectre d'émission
Flux lumineux-efficacité lumineuse
Température de couleur:
L'information qu'une
lampe émet une lumiére avec une certaine température
de couleur signifie simplement que cette lumière, pour l'œil humain,
apparaît d'une certaine couleur bien déterminée. Cette
couleur est celle qu'émettrait pour l'oeil humain un "corps noir"
(c'est le corps idéal parfait dit de 'plank' capable d'absorber
totalement les rayonnements de toutes les longueurs d'onde) porté
à cette température (à noter que le "corps noir" émet
un rayonnement dont le spectre suit une loi physique bien précise
et est facilement calculable).
Mais une autre lampe
qui
à l'œil apparaît émettre une lumière de même
couleur, et ayant néammoins la même température de
couleur, peut posséder une distribution spectrale complétement
différente! C'est pourquoi finalement c'est cette dernière
propriété de la lumière la plus importante en biologie,
en photographie, en optique, et que la température de couleur représente
une donnée qui seule est de bien peu d'utilité.
Pour les tubes fluorescents,
qui offrent une vaste gamme de produits il est possible de choisir parmi
des tubes de spectres différents, et de même température
de couleur bien évidemment.
Avec les clichés
ci-dessous pris avec une pellicule diapositive "lumière du jour",
j'ai voulu montrer la meilleure illustration possible, même si la
reproduction sur un écran d'ordinateur limite la fidélité
de reproduction.
Dans les clichés
suivants, ont été photographiées les lumières
émises par trois tubes de température de couleur différente.
Les tubes sont des Philips de la série TLD9xx et en particulier
le 930 (température de couleur 3000°K), le 940(température
de couleur 4000°K), le 965 (température de couleur 6500°K).
Les clichés seraient identiques avec d'autres tubes fluorescents
du marché (par exemple Osram) de mêmes caractéristiques.

On remarque que la ton
de la couleur de la lumière émise devient de plus en plus
"froid" à mesure que la température de couleur augmente.
Bien noter dès à présent, comme on le verra
mieux plus loin,que ces trois tubes sont à spectre soi-disant "complet",
pour lequels l'émission n'est pas limitée à
une bande de rayonnement, comme cela se fait pour certains tubes, mais
distribuée avec une certaine uniformité dans le domaine visible.
Les températures de couleur différentes, et donc les différents
tons sont dus à une intensité de rayonnement supérieure
dans l'émission des longueurs d'ondes longues (vers le rouge) dans
le cas du tube de plus basse température de couleur, pendant que
les tubes de température de couleur plus élevée
montrent une intensité d'émission plus élevée
des longueurs d'ondes courtes (vers le bleu).

Avec les clichés
ci-dessus nous avons comparé entre eux des tubes de même température
de couleur. En effet les tubes 940 et 840 ont tous les deux une température
de couleur de 4000°K, ainsi que le 965 et le 865 avec 6500°K. Les
tubes de la série 8xx montrent une nette dominante verdatre, alors
que pour l'œil humain le ton de la lumière semble le même
que celui des lampes de la série 9xx !!! (notez que la différence
d'exposition de la dernière photo par rapport à la précédente
tend à faire apparaître des couleurs moins saturées
ceci à cause de l'écart de luminosité, mais la comparaison
reste valable).
La pellicule photographique,
(avec une sensibilité chromatique différente de celle de
l'œil humain) à l'inverse est capable de révéler l'écart
qui existe évidemment entre les spectres d'émission. Ci-dessous,
la comparaison des spectres respectifs du tube TLD840,du TLD940 et de la
courbe de rayonnement du corps noir à 4000°K.

Comme on le voit sur
le relevé de son spectre d'émission le tube de la série
8xx présente une discontinuité du spectre importante qui
en effet apparaît moins uniforme que le spectre de la 940 avec des
pics d'émission plus accentués et des minimas voire des trous
à certaines longueurs d'ondes . D'ailleurs apparaît notamment
accentué le pic d'émission autour de 550nm (ce qui correspond
à un rayonnement jaune- vert). Ce type de tube privilégie
en fait particulièrement l'émission à cette longueur
d'onde parce que c'est à ce rayonnement que l'œil humain est le
plus sensible, et qu'il peut donc sembler plus lumineux (mais seulement
pour l'œil humain) qu'un autre tube au spectre plus uniforme. Pour
éclaircir ce point, avec les relevés suivants on peut comparer
les spectres d'émission du 840 et du 940 avec la courbe de la sensibilité
photopique de l'œil humain .(courbe de sensibilité lumineuse de
l'œil humain en fonction de la fréquence des rayonnement à
un niveau moyen d'illumination).

Aucune surprise donc
les lampes de la série 8xx semblent (mais, comme on a vu, seulement
en apparence, à la vue et donc aussi pour les mesures photométriques)
émettre plus de lumière.
Quelques lampes beaucoup
utilisées en aquariophilie comme les Interpet Triton, les Sylvania
Aquastar et les Philips Aquarelle (toutes les lampes triphosphores) semblent
posséder des caractéristiques très similaires (par
exemple, une température de couleur déclarée par les
fabricants à 10 000°K pour les Aquastar et les Aquarelle, ou
déclarée "non mesurable" pour les Triton) et les spectres
apparaissent être au moins similaires. Aussi la lumière émise
semble être pour la vue de la même tonalité et sur la
pellicule photographique à lumière diurne, comme le montre
la photo suivante, les différences dans la lumière émise
par ces 3 lampes sont minimes.

La conclusion est que
ces 3 lampes sont, quand on regarde la radiation émise, pratiquement
équivalentes, même si la Triton est particulièrement
renommée, selon les fabricants, pour sa qualité en terme
de durée de vie. On peut aussi observer que, en accord avec la température
de couleur élevée (10 000°K), la pellicule a enregistré
une lumière qui est notablement bleutée alors que pour l'œil
humain, la lumière de ces lampes apparaît rose ce qui confirmera
plus loin que la vue peut être trompeuse pour juger les propriétés
radiométriques d'une lumière.
Dans la photo suivante,
on peut observer à l'inverse la comparaison entre une lumière
émise par une Aquarelle (10 000)K) et une TLD 965 (6 500°K).

Enfin, il est intéressant de noter comme
la pellicule photographique est à même de relever la différence
remarquable qui peut exister dans la lumière émise par quelques
lampes diverses disponibles sur le marché. Dans la photo suivante,
il s'agit d'une comparaison entre une Aquarelle (triphosphore de 10 000°K),
une TLD 930 (à spectre complet de 3 000°K) et une TLD 840 (de
4 000°K).

La différence
enregistrée par la pellicule photographique est plus importante
que celle constatée par l'œil humain qui néanmoins, pour
ces tubes, est aussi capable de discerner un écart de ton entre
leurs lumières.
Le rendu des couleurs pour les objets éclairés:
On a vu que la valeur
de la température de couleur fournit une information incomplète
qui indique seulement que la lumière émise apparaît
approximativement à l'œil humain à une certaine définition
"couleur". Outre les limitations relevées dans le paragraphe précédent,
il existe toutefois un inconvénient ultérieur. En fait, pour
2 lumières différentes, avoir la même température
de couleur n'implique pas nécessairement que les objets éclairés
apparaissent de la même couleur à l'œil nu. Aussi sous cet
aspect, c'est pourquoi la température de couleur seule fournit des
informations insuffisantes.
Par exemple, un même
objet pourpre éclairé par un tube Philips TLD/840 ou par
un Philips TLD/940 apparaîtra, à l'œil humain, de couleur
sensiblement différente car dans le domaine des longueurs d'onde
qui contribuent au rendu visible d'une telle couleur, le spectre d'émission
des 2 tubes est très différent mais, néanmoins, ils
semblent, observés en direct, émettre la même
lumière, ayant la même température de couleur de 4
000K. Et ici, entre en jeu le "rendu de couleur de sources lumineuses"
pour laquelle évaluation, le système le plus diffusé
est "l'indice général de rendu de la couleur" IRC.
Le mécanisme sur lequel
on se base est le suivant: "on évalue les différences entre
les couleurs que certains objets standards présentent sous une source
testée puis sous la source de référence…La source
de référence employée est fonction de la température
de couleur de la lampe expérimentée. Par exemple, pour des
sources tests avec des températures proches des couleurs de moins
de 5 000°K, le radiateur lui est celui de Planck ou corps noir. Pour
des températures de couleurs égales ou supérieures
à 5 000°K, on emploie des éclairages de la série
D (Daylight) qui par convention sont pris pour référence.
Les températures de couleur des 2 sources doivent être les
plus proches possibles (d'après "Mesurer la couleur" de Claudio
Oleari, Hoepli éditeur). Ici, il est à noter que les éclairages
de la série D fournissent une lumière qui, comme le spectre,
est plutôt voisine de celle de la lumière solaire. Puisque
"les lampes à incandescence ont une distribution spectrale de puissance
quasi identique à celle de la source de référence"
(qui, on le rappelle, est, jusqu'à 5 000°K, le corps noir) alors
leur IRC est pratiquement au maximum (IRC =100).
Ceci, toutefois, ne
signifie pas que les lampes à incandescences fournissent une meilleure
lumière (ou similaire à celle du soleil) car pour beaucoup
d'utilisations, leur température de couleur est trop basse et est
en fait, de beaucoup, inférieure à celle de la lumière
solaire (la lumière apparaît avec des tons beaucoup plus "chauds"
que ceux produits par le soleil) et donc, inadaptables pour de nombreux
buts (entre autre l'éclairage en aquarium et la photographie avec
pellicules diurnes et sans filtre).
Par exemple, une petite lampe à incandescence
normale montre une température de couleur d'environ 2 500°-2
800°K, très loin de la température de couleur de la lumière
solaire le matin ou l'après-midi (environ 5 000°-5 500°K)
ou de la lumière solaire à midi (environ 6 000°K, les
valeurs étant aussi supérieures quand le ciel est voilé)(la
source de quelques unes de ces données: "le livre de la photographie
en couleur", Feininger, Garzanti ed.).
Cette caractéristique
rend donc inadaptables les sources à température de couleur
si basse pour l'utilisation en aquarium, du moins comme unique source d'éclairage.
Pour une lampe, la combinaison
d'une température de couleur de 5 000°-6 000°K avec une
valeur élevée de l'IRC (plus proche de 100) fournit, au contraire,
l'indication que, très probablement, on est assez proche de la distribution
spectrale de la lumière solaire. Ces lampes existent et sont celles
au spectre complet avec un IRC le plus haut possible. Sur ce point de vue,
les Philips 950 (température de couleur=5 300°K et IRC=98) et
les Osram Deluxe 12 (température de couleur=5 400°K et IRC=98)
apparaissent etre celles qui sont les plus proches de la lumière
solaire, avec éventuellement l'Osram 72 Biolux et la Philips 965
(température de couleur=6 500°K et IRC=97-98). Les Philips TLD
950 et les Osram 12 sont aussi les plus conseillées pour les applications
pour lesquelles il faut faire une appréciation de la vision des
couleurs des objets. D'autre part, sont confirmés des résultats
que l'on obtient en photographiant, avec une pellicule tarée pour
la lumière diurne, des objets éclairés par des lampes
à diverses températures de couleur et/ou IRC. Dans un tel
cas, les photos faites des objets, éclairés par des lampes
de 5 000°-6 000°K et IRC élevé (>95), montrent seulement
de légères dominantes de couleur tandis que de fortes dominantes
de couleur sont présentes si la source de couleur est à un
indice IRC plus bas ou est caractérisée par une température
de couleur significativement en dehors du champ 5 000°-6 000°K.
Dans la photo suivante
sont reportés les résultats obtenus en photographiant, avec
une pellicule inversée pour lumière diurne, un tableau de
couleur et le carton gris Kodak à réflexion 18% qui est normalement
utilisé pour l'évaluation des dominantes chromatiques et
de l'exposition.

Dans ces 2 photos, la
température de couleur de la source lumineuse est la même
(6 500°K autant pour la 965 que pour la 865) mais l'IRC diffère
(IRC=98 pour la 965 et IRC=85 pour la 865). Cette différence implique
que l'IRC, aussi dans la photo, s'accorde mieux avec la lampe à
IRC plus élevé. En fait, les couleurs et le gris du carton
sont assez fidèlement rendus avec la 965 qui semble n'avoir
qu'une légère dominante bleutée , au contraire,
plutôt marquée et qui tend vers le vert sur la photo éclairée
par la 865.

En abaissant la
température de couleur (dans les photos précédentes,
la 940 et la 840 émettent toutes les deux une lumière à
4 000°K), on observe un déplacement des couleurs vers des tons
chauds, c'est à dire, tendant vers le jaune- rouge. C'est la dominante
présente dans la photo relative à la 940 qui montre un IRC
élevé presque à 95, signe que la lumière émise
est assez semblable à celle émise depuis un corps noir (Ra=100)
à la température de 4 000°K. Dans la photo prise avec
la lampe de série 8xx ( la 840 ici), est encore plus présente
l'habituelle dominante verdâtre à cause du pic d'émission
d'environ 550 nm que les lampes de cette série présentent
pour apparaître plus lumineuses à l'œil nu. Une conséquence
de ceci est que l'indice IRC obtenu est plus bas (IRC=85) et que le spectre
d'émission sera assez différent de celui du corps noir à
4 000°K.

Dans la photo ci-dessus,
la dominante jaune- rouge est encore plus évidente que sur la photo
relative à la 940, parce que la température de couleur avec
la 930 est notablement inférieure,(3 000°K). Le fait que l'indice
IRC soit assez haut (IRC=95) indique encore que la radiation émise
devrait être assez semblable à celle du corps noir à
3 000°K. Une telle radiation sera aussi semblable à celle émise
par une lampe à incandescence telle que les différences en
terme de température de couleur (environ 2 700°K pour la lampe
à incandescence et 3 000°K pour la lampe testée) et d'indice
IRC(environ 100 pour la lampe à incandescence et 95 pour la lampe
testée) sont assez faibles (ceci signifie aussi que, photographiant
sous cette source lumineuse, on peut obtenir de modestes résultats
en utilisant des pellicules adaptées à la lumière
des les lampes à incandescence au tungstène).

Pour la Sylvania Aquastar,
la Philips Aquarelle et l'Interpet Triton, commercialisées pour
l'utilisation en aquarium, une tonalité bleue semble être
dominante, signe que le spectre est riche de ces radiations avec un certain
pourcentage non négligeable de rayons UVA. En outre, les différences
entre ces 3 photos sont minimes, confirmant que les 3 lampes se ressemblent
beaucoup pour le type de lumière émise. La non négligeable
fraction des radiations rouges présentes dans le spectre porte aussi
à relever une certaine dominante de cette couleur qui, à
œil nu, est plus perceptible qu'à travers une photo.
En conclusion, une
lumière semblable à celle du soleil s'obtient si la température
de couleur est entre 5 000° à 6 500°K et l'indice IRC proche
de 100. Toutefois, ceci ne signifie pas que ce type d'éclairage
soit dans l'absolu le préférable et soit le meilleur choix
dans tous les cas pour l'utilisation en aquariophilie substantiellement
car il n'est pas dit que la lumière solaire soit la meilleure à
utiliser en aquarium (même si, dans de nombreux cas, ce soit probablement
un bon choix). Il faut, par exemple, considérer que si nous retenions
que les meilleures conditions sont celles présentes dans la nature,
et que si nous voulions reproduire de telles conditions, nous devrions
tenir compte de l'épaisseur de l'eau qui réalise une filtration
de la lumière, absorbant différentes radiations à
diverses longueurs d'onde, pour lequel le spectre disponible en réalité
(admettant qu'il soit optimal) varie aussi avec la profondeur et les propriétés
"optiques" (la transparence, la présence de particules en suspension
et/ou les substances colorantes dans l'eau) à travers l'eau.
Il se peut qu'il existe d'autres motifs qui suggèrent
de s'éloigner d'un éclairage similaire à celui du
soleil, comme, par exemple, la réalisation d'une meilleure illumination
(pour la vue humaine), la recherche d'effets spéciaux sur la biologie
des plantes et des organismes, l'obtention de particules chromatiques,
etc…
Pour ces motifs, il
n'existe pas de solution unique et idéale mais il faut garder présent
les exigences spécifiques des végétaux et des animaux.
Ceci est le point de départ, à partir des données
techniques des possibles sources lumineuses et des critères d'évaluation
décrits dans ce document, chacun devrait être libre de choisir
et d'expérimenter comme bon lui semble.
Il faut aussi considérer
que, dans la lutte contre les algues envahissantes et en faveur des plantes
aquatiques ou d'autres algues supérieures, l'éclairage constitue
un seul des nombreux facteurs contribuant à ce succès. En
outre, très probablement, il n'existe pas d'éclairage qui
soit favorable aux plantes et qui, en même temps, stoppe la croissance
des algues. On peut, néanmoins, chercher un éclairage optimal
pour les plantes, de sorte que s'il est aussi apprécié par
les algues, à la fin, on arrive, dans la compétition des
plantes et des algues, à la suprématie des premières,
ôtant aux secondes nourriture, espace et possibilité de croissance.
Toutefois, afin que cela arrive, il est aussi nécessaire que tous
les autres facteurs soient optimaux (nourriture, CO2, mouvement de l'eau,
paramètres chimiques et physiques de l'eau, etc..). En outre, il
faut aussi tenir compte des temps d'adaptation (la capacité des
plantes et des algues à s'adapter partiellement à diverses
conditions de lumière) qui pour les algues sont généralement
plus brefs que pour les plantes. C'est pourquoi, quand on change le type
de lampe, si les nouvelles conditions d'éclairage sont meilleures
pour les plantes, au début le résultat peut être que
l'on assiste à une augmentation (temporaire, espérons) des
algues plus promptes à bénéficier des meilleures conditions.
Cela implique que parfois il est nécessaire, pour évaluer
les résultats, d'attendre quelques temps qui peuvent être
longs de quelques mois.
Actuellement, il existe,
c'est vrai, quelques tendances pour l'éclairage des divers types
d'aquarium qui sont brièvement traités dans la dernière
section de ce document, mais qui, comme le savent ceux qui ont suivi l'histoire
et l'évolution de l'éclairage, sont probablement destinées
à être dépassée par de nouvelles études,
par de nouveaux produits et aussi, pourquoi pas, par de nouvelles modes.
Dans l'état actuel, il semble toutefois que les lampes à
spectre complet sont, pour l'utilisation en aquarium, supérieures
aux autres. A noter que les lampes qui sont, en général,
communément indiquées comme Daylight, Coolwhite, Warmwhite,etc,
ne sont pas nécessairement à spectre complet, mais plutôt
généralement des lampes qui présentent de nombreuses
lacunes dans le spectre.
Le spectre d'émission:
La température
de couleur et l'IRC sont des indices utiles et rapides pour évaluer
approximativement la qualité de la lumière émise mais,
comme on l'a vu, pas du tout complets, même si avoir disposition
des 2 peut de fait fournir déjà de nombreuses indications.
Toutefois, l'information la plus complète reste celle fournie par
le spectre de la lumière émise par la lampe testée,
car elle contient toutes les données pour évaluer si la lumière
possède les caractéristiques désirées (c'est
à dire l'opportune intensité de radiation à chaque
longueur d'onde), même si parfois il est difficile de savoir quel
devrait être le spectre optimal pour obtenir certains résultats
ou d'interpréter les courbes spectrales qui sont présentées.
L'analyse du spectre est particulièrement utile dans ce cas, comme
souvent il est opportun de le faire, on utilise une combinaison de lampes
différentes, pour laquelle il n'y a pas besoin de faire la moyenne
de la température de couleur ou des IRC, alors qu'une "somme des
spectres" prenant en considération chaque longueur d'onde a par
contre une signification et une justification physique. Par convenance,
ils sont reportées et liées à un tableau avec d'autres
informations utiles et de nombreux spectres qui peuvent être intéressants.
Le flux lumineux et l'efficacité lumineuse:
L'indication d'efficacité
lumineuse exprimée en lumen par watt (c'est à dire exprimée
comme "flux lumineux" émis par unité de puissance absorbée
par la lampe) n'a pas une portée intéressante en aquariophilie,
alors qu' elle trouve une application large et justifiée dans
l'éclairage des lieux de travail ou dans les salles de séjour,
c'est à dire pour l'éclairage d'ambiance dans laquelle les
hommes travaillent et vivent. Ceci car le lumen (ou le lux, c'est à
dire un lumen /m2) est une unité de mesure spécifique de
la photométrie qui est une branche de la physique dans laquelle
les radiations sont évaluées à la base pour leurs
caractéristiques visibles, ou en d'autres termes, est un système
d'unité qui considère seulement la puissance éclairante
de la radiation à l’œil nu. Mais la vision de l'œil humain présente
diverses limites comme, par exemple, une sensibilité plus grande
aux radiations de certaines longueurs d'onde et moindre pour d'autres (par
exemple, aux infrarouges et aux ultraviolets, l'œil est aveugle).
Dans les fonctions biologiques
activées par la lumière et indispensables en aquarium, sont
à l'inverse, fondamentales et nécessaires les radiations
de longueurs d'onde auxquelles l'œil humain est peu ou pas sensible et
qui pèsent donc peu ou pas sur l'éclairage pour un observateur
humain. Donc, comme en photométrie sont prises en compte les seules
exigences de la vision humaine, alors la réponse des instruments
pour la mesure des lumens (et des lux) suit la sensibilité humaine.
Il existe des normes
bien précises élaborées en ce sens par la CIE (Commission
Internationale de l'Eclairage), par exemple, la courbe photopique à
laquelle les instruments doivent se conformer pour tenir compte des propriétés
de l'œil humain dans la vision diurne. Ainsi pour la mesure photopique,
on a un maximum de sensibilité pour la radiation à 550nm
(autour du jaune- vert) mais la sensibilité baisse assez rapidement
pour des radiations de longueurs d'ondes inférieures ou supérieures
et, par exemple, les sensibilités à 500nm et 625nm sont seulement
à environ 32% de celle à 555nm. Ceci signifie que, dans la
mesure du flux lumineux en lumen, les radiations, même d'une importance
fondamentale pour l'utilisateur en aquarium, ont peu de poids (par exemple
dans le bleu, dans le rouge et dans les UVA), alors que le niveau maximum
que l'on a pour les radiations jaunes- vertes, plus importantes pour
fournir de la lumière visible, a relativement peu d'importance pour
de nombreux procédés biologiques (par exemple, les feuilles
de nombreuses plantes chlorophyles apparaissent vertes justement car la
radiation verte vient se réfléchir et donc n'est pas absorbée
ou utilisée). Donc, à moins que l'on ne soit intéressé
que par la seule restitution pour la vue humaine, on a besoin
d'un "outil de mesure" qui ne fasse pas référence au
flux lumineux en lumen, mais à quelqu' autre grandeur plus significative
pour les plantes, les animaux et les organismes. On a vu que l'étude
du spectre émis peut être une aide pour la "qualité"
de la lumière mais pour la détermination du numéro
de lampe nécessaire à fournir la "quantité" désirée
de lumière de qualité voulue, il faudra donc faire référence
à une autre grandeur d'utilisation directe qui ne peut pas être
le flux lumineux (ceci semble à ce point évident même
si, malheureusement souvent, on affirme au contraire qu'il est préférable
de faire référence à cette dernière grandeur).
Par une élaboration
des données relatives au spectre et au flux lumineux, que l'on peut
trouver dans les techniques spécifiques de nombreuses lampes, il
est possible toutefois d'obtenir la valeur de puissance émise sous
la forme d'énergie rayonnante pour beaucoup de lampes.
C'est une donnée
du flux lumineux qui est sûrement plus intéressante que tout
ce qui fait référence à l'énergie émise
sous forme de radiations hors sensibilité de l'œil humain. Un nouveau
pas en avant peut être fait en prenant en considération le
mécanisme utilisant l'énergie rayonnante dans chaque procédé
dans lequel cette dernière interagit avec la matière (et
donc aussi dans tous les procédés photochimiques et photobiologiques).
En effet, l'unité à travers laquelle l'énergie rayonnante
peut être traduite est le photon , qui représente l'entité
élémentaire de l'énergie lumineuse, c'est pourquoi
il est important d'avoir une mesure du nombre de photons émis (par
unité de temps) par les sources testées. A partir du moment
où l'énergie d' un photon dépend de la longueur
d'onde du rayonnement, si la radiation n'est pas monochromatique (c'est
à dire, si elle n'est pas constituée par une radiation à
une unique longueur d'onde), il n'est pas possible de déduire, par
la seule valeur de la puissance rayonnante globalement émise, le
nombre de photons émis. Si néanmoins on connaît aussi
la distribution de l'énergie émise en fonction de la longueur
d'onde (cela revient à dire si l'on connaît le spectre), ça
devient possible. Le PAR (Photosythetically Available Radiation) est directement
lié au nombre de photons émis dans le domaine des longueurs
d'onde intéressantes pour la photobiologie (en général
de 400 à 700nm car on retient que ceci est l'intervalle du champ
de rayonnement qui peut être généralement utilisé
dans les procédés de photosynthèses).
Dans la figure suivante,
est reportée la réponse relative d'un luxmètre (qui
suit la courbe photosensible de l'œil humain) en comparaison avec celle
que devrait posséder l'instrument idéal pour la mesure du
PAR et avec celle donnée par un instrument relativement économique
pour mesurer le PAR.

L'idée du
PAR est née en 1972 (même si ce terme est probablement apparu
ensuite) dans les études de Keith McCree qui a démontré
qu'un instrument qui compte les photons (quantum meter) est capable de
prévoir avec une grande précision l'activité de la
photosynthèse ce que ne réussit pas à faire un simple
luxmètre! Evidemment le pas suivant serait de voir dans le
domaine à l'intérieur duquel le PAR est mesuré uniformément
(400-700nm) quelles sont les longueurs d'onde qui contribuent le plus à
la photosynthèse. Bien que de nombreuses études soient faites
dans cette direction pour comprendre comment "voient" les plantes et les
algues (par exemple, les travaux de Mc Cree et la courbe spectrale des
plantes selon Elgersma, dont on parle encore dans Aquarium Oggi,n.2, 1998,
page 48) il n'existe pas vraiment de méthodes ou de courbes universellement
adaptables car chaque plante a ses propres exigences, pour lesquelles une
moyenne assez générique comme celle fournie avec le PAR peut
être déjà suffisamment significative et n'a pas de
sens à trop aller dans les détails, sinon pour un système
bien spécifique.
Ceci toutefois
ne signifie pas que la connaissance du PAR soit seule suffisante
pour déterminer l'efficacité d'un système éclairant
pour la croissance des plantes en volume, pour que le PAR soit un indicateur
sûrement plus significatif que le flux lumineux, il devra toujours
découler d'un pondération faite à l'intérieur
d'un domaine plus large de longueur d'onde, intégrant la distribution
spectrale qui peut revêtir une importance fondamentale.
Après cette
perspective intéressante, regardons comment se comportent les tubes
courants en terme de flux lumineux délivré, efficacité
lumineuse, PAR. Dans les tableaux suivants et dans les graphiques joints,
sont reportées les valeurs pour quelques tubes déjà
examinés (les valeurs de PAR mentionnées se réfèrent
au tube et non à l'unité de surface)

L'aspect le plus intéressant
à noter est que, nonobstant que le flux lumineux soit sensiblement
plus élevé pour le tube de la série 8xx (série
qui privilégie la luminosité pour la vue humaine, émettant
spécialement dans le champ où l'œil est plus sensible) pour
lequel on regarde la puissance rayonnante et surtout le PAR où les
différences sont significativement plus réduites. Donc, même
si l'"efficacité lumineuse" en lm/W (comprenant comme luminosité
celle pour l'œil humain) est supérieure pour la lampe de la série
8xx, le rendu énergétique efficace et le rendu en terme de
nombre de photons émis varient, à l'inverse, beaucoup moins
avec une autre lampe. Considérant en outre que, comme on a dit précédemment,
la distribution spectrale n'est pas optimale pour les lampes 8xx et les
équivalentes, alors il apparaît évident que les lampes
à spectre complet (9xx et équivalents) sont plus adaptées
pour l'usage en aquarium. En d'autres termes, les lampes à spectres
d'émissions plus uniformes (normalement à IRC très
élevé), même si elles semblent avoir des valeurs plus
basses de l'efficacité lumineuse (et par la suite, à nos
yeux, apparaissent moins lumineuses),qu'un tube au un spectre plus riche
en radiations jaunes- vertes, paraissent plus efficaces pour l'utilisation
en aquarium. Le raisonnement peut être étendu aussi aux soi-
disants "phytostimulants" qui seuls, en apparence sont moins lumineux,
étant au contraire optimisés et efficaces pour l'usage auquel
ils sont destinés, c'est à dire pour émettre quelques
radiations qui sont supposées utiles à la croissance des
plantes (surtout terrestres car les aquatiques ont des exigences généralement
différentes). Une autre conséquence est que, vu que le
rapport entre l'énergie émise et l'énergie absorbée
dépend un peu de la lampe qui est choisie, alors pour indiquer la
quantité de lumière nécessaire, on peut tranquillement
avec une bonne approximation faire référence directement
à la puissance absorbée par la lampe, comme cela a
quasiment toujours été fait en aquariophilie avec les habituelles
prescriptions d'un certain nombre de watt dans chaque litre d'eau du bac.
On va de toute façon
observer que, même si le rendu varie un peu d'une lampe à
une autre, dans l'état actuel, les tubes fluorescentes les plus
efficaces d'un point de vue énergétique, sont ceux de 36
W, car la géométrie du tube et sa dimension (1,20m) sont
tels qu'elles rendent maximum la transformation de l'énergie
électrique absorbée en énergie rayonnante. En outre,
pratiquement tous les types de tubes fluorescents existants sont offerts
à cette puissance et par conséquent, le choix et l'approvisionnement
sont plus larges que pour d'autres puissances. C'est pourquoi, en phase
d'acquisition ou de construction d'aquarium, la possibilité de monter
des lampes de 36 W peut être un des nombreux facteurs à prendre
en considération dans le choix des dimensions du bac.
Les principales questions que vous vous
posez:
Quelle
est la tendance pour l'éclairage d'aquarium d'eau douce avec des
plantes?
Quelle
est la tendance pour l'éclairage de l'aquarium marin?
Quelle
est la durée de vie d'une lampe?
Effet
de la profondeur du bac sur la lumière?
Combien
de temps doit durer la photopériode?
Vos réactions:
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Magistral.
Merci pour cette contribution
à la propagation du savoir.
L'internet devrait servir
avant à cette noble cause; autrement, ça n'est rien.
merci encore.
Lofti |
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Jamais rien vu d'aussi
complet , merci . Quand je vais acheter des tubes la réflexion des
vendeurs est toujours la même : " ce sont des conneries ! tous les
tubes sont les mêmes ... si le tube est lumière du jour ,
il est identique dans toutes les marques !!! . Avec ce que je vais apprendre
en étudiant votre article je vais enfin pouvoir discuter sérieusement
.
François |
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